L’été 1988 a vu naître l’un des affrontements les plus légendaires de l’histoire automobile : un face-à-face entre deux supercars emblématiques, la Ferrari F40 et la Porsche 959. Ce comparatif est resté gravé dans les mémoires comme l’une des plus grandes confrontations de son époque.
Deux visions radicalement opposées de la supercar
À première vue, les deux voitures semblaient être des rivales naturelles : elles étaient alors les plus rapides du monde. Pourtant, une analyse plus poussée révélait des philosophies fondamentalement différentes.
La Ferrari F40, conçue sous la supervision directe d’Enzo Ferrari, affichait une simplicité mécanique remarquable : un poids plume de 1 100 kg grâce à l’usage massif de la fibre de carbone et du Kevlar, et une puissance de 478 ch délivrée par un V8 biturbo. En face, la Porsche 959 pesait 1 450 kg et développait 444 ch, mais était une vitrine technologique à tous les niveaux.
Une rencontre explosive en Italie
Le modèle de test de la 959 appartenait à Walter Brun, pilote d’endurance et ancien propriétaire d’écurie F1. Il l’a conduite en Italie pour confronter l’auto à la F40 pilotée par Gerhard Berger, alors pilote officiel de la Scuderia Ferrari. D’emblée, tous les regards se sont tournés vers la F40, dernier projet validé par Enzo lui-même.
Grâce à sa légèreté et à son moteur survolté, la F40 est devenue la première voiture de série à franchir la barre des 322 km/h. Berger l’a qualifiée de “meilleur châssis routier jamais conduit” tandis que Brun affirmait qu’avec quelques ajustements, elle pourrait dominer la catégorie C2 en course d’endurance.
Sur la piste : avantage Ferrari
À la surprise générale, la Ferrari avait non seulement un avantage en vitesse de pointe, mais elle était également 10 secondes plus rapide au tour sur la piste d’essai de Fiorano. Selon Berger, la F40 “mordait dès 3 000 tr/min et explosait au-delà de 3 500 tr/min”. L’abondance de couple permettait un survirage de puissance “quand il le voulait”.
Porsche 959 : la supercar du quotidien
Face à cette brutalité italienne, la 959 proposait une technologie avancée : transmission intégrale pilotée, suspension à correcteur d’assiette, direction assistée, ABS évolué et sièges arrière. Son moteur à double turbo progressif procurait une montée en puissance plus lissée, mais explosive au-delà de 4 500 tr/min.
Elle brillait surtout par sa polyvalence : là où la F40 exigeait des conditions idéales, la Porsche permettait une conduite rapide et sûre sur des routes humides, enneigées ou gravillonnées. C’était la supercar pensée pour être utilisée au quotidien.
Deux philosophies, deux réussites
Ferrari avait pour ambition de construire la voiture de sport la plus rapide du monde. Porsche, elle, voulait prouver qu’il était possible de dompter la très haute performance, dans toutes les conditions, par l’électronique et l’ingénierie.
Conclusion : La 959 remportait la victoire pour sa polyvalence, laissant la F40 comme une machine d’exception réservée aux grands jours. Pourtant, ces deux visions, aussi opposées que brillantes, ont prouvé qu’il existe plusieurs définitions de la supercar parfaite, et méritent toutes deux leur place au panthéon automobile.